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Cause yes, we khâgne.

16 octobre 2014

Le début de la fin.

Vous comptez rentrer en prépa ? Vous êtes décidé, encore hésitant, apeuré ? Vous avez bien raison. Mais trêve aux idées reçues. Nous sommes des gens comme les autres. A vrai dire, en ce qui me concerne, je me suis retrouvée là un peu par hasard. Simple lycéenne d'une ville un peu paumée de banlieue, et bim, super idée de la matronne un beau matin où mon avenir était le sujet ayant élu domicile au petit déjeuner: "Et pourquoi tu ferais pas une prépa ?" La prépa en gros, c'est un peu l'endroit où se retrouvent les quelques ados ayant des notes à peu près potables, sans la moindre idée de ce qu'ils voudraient faire de leur existence, et assez naïfs ou orgueilleux pour imaginer que ce sera difficile, mais qu'ils seront assez futés pour faire face à cette gigantomachie. Faux, et archi-faux. Mais moi, ce matin en question où, la tête dans mon bol de café et la gueule enfarinée j'ai simplement répondu un "mmh" comme la plupart des gamins de 18 ans savent le faire, j'étais loin de me réaliser la piscine emplie de merde dans laquelle je venais de me jeter, avec de l'élan et la tête la première qui plus est. Parce que moi au fond ce que j'voulais, c'était aller glander sur les bancs d'une fac d'anglais, avachie devant mon pc avec un air un minimum intéressé par les paroles du prof. Mais surtout ce qui m'intéressait, c'était bien les neufs heures de cours par semaines que proposait cette filière. Bref, le pied. Mais le caporal mère en avait déjà décidé autrement. Alors, pour pas me mettre papi, mamie et tous leurs frères et sœurs à dos, cet établissement ou l'assurance d'un avenir périlleux est passé vœux numéro un sur le site maudit d'Admission Post Bac de mon plein gré. Et l'enfer ne faisait alors que de commencer. 

Le premier jour dans mon établissement, j’étais d’une humeur massacrante. Mais bien sûr, ma mère m’accompagnant de pied ferme pour veiller à ce que je ne prenne pas la première sortie de secours, j’ai courageusement marché vers mon destin, sans me douter de ce qui m’attendait derrière ces grandes portes bleues, que j’appellerais plus tard celles d’Hadès en repensant nostalgiquement aux épisodes d’Ulysse 31 qui bercèrent ma tendre enfance. Ainsi, laissant la honte s’abattre sur mon esprit déjà rebelle, j’ai récupéré mon uniforme la tête haute, enfilé mes mocassins sans rien dire, installé mes affaires dans mon futur chez moi, et j’ai de nouveau marché, marché, et remarché vers ma salle de cours, pénétrant dans la pièce qui n’allait tarder à recueillir mes angoisses, mes cris de joie, mes fous rires, et mes larmes bien sûr. Mais ce n’est que lorsque les professeurs se sont présentés à nous que j’ai commencé à comprendre que j’étais déjà entrain de couler avec un boulet accroché aux pieds, aux deux bras, et avec une main pour me maintenir sous l’eau. C’est d’ailleurs comme ça que mon prof de philo s’est présenté. « La prépa, c’est du fascisme rose, nous a-t-il dit, on va simplement vous plonger sous l’eau de force, et lorsque vous commencerez à remonter à la surface, on vous appuiera sur la tête un peu plus fort en vous disant de rester encore un peu en apnée. » Charmant, n'est-ce pas ? Et voilà, en quelques mots, nous étions seize courageuses et innocentes demoiselles, embarquées dans on ne savait encore trop quoi pour le meilleur, mais surtout pour le pire.

 

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